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Les insectes pollinisateurs


Comment agit le pollinisateur

Généralement, l’insecte pollinisateur est attiré par le nectar et/ou le pollen d’une ou plusieurs plantes. Lorsqu’il visite une fleur pour se nourrir ou pour approvisionner des réserves (pour l’hivernage ou le nourrissage des larves), il entre en contact avec les organes sexuels des fleurs (étamines, pistils). Ainsi il peut d’une part se faire toucher les organes d’une même fleur, d’autre part se charger de pollen sur les poils, plus ou moins nombreux, de son corps et aller le déposer sur une autre fleur de la même espèce. Si telle ou telle espèce d’insecte peut fréquenter plusieurs espèces de fleurs, elle va généralement se consacrer à une seule espèce végétale lors d’une même sortie et donc favoriser la pollinisation croisée.

Les insectes de nos régions

Si 80-85 % des végétaux nécessitent un pollinisateur, contrairement aux idées reçues, les abeilles de nos ruches ne seraient responsables que de 15 % de la pollinisation et souvent leur élevage ne pourrait remplacer le travail de la plupart des espèces d’abeilles ou de bourdons qui disparaissent. Effectivement, les abeilles et autres bourdons ne sont pas toujours interchangeables, ils ne pollinisent pas les mêmes plantes, ne vivent pas dans les mêmes milieux ni aux mêmes périodes de l’année. Une abeille domestique ne peut guère voler en dessous de 10°C contre 5°C pour un bourdon, mieux protégé par sa fourrure. De même, elle n’est pas présente partout selon la latitude (le grand Nord) ou l’altitude (le haut des montagnes), contrairement aux fleurs. Mais tous ces insectes sont indispensables à de nombreuses plantes sauvages, qui risqueraient de disparaitre sans leur aide.

A contrario, beaucoup d’espèces cultivées sont ou sont devenues dépendantes de cette abeille domestique. Il s’agit entre autres d’espèces fruitières européennes et asiatiques exportées en Amérique dont l’exemple le plus médiatisé (reportage Arte, de Mark Daniels : « Le Mystère de la disparition des abeilles : parasites, virus, pesticides... ») est la culture des amandiers en Californie (la moitié de la production mondiale) qui nécessite la migration de plusieurs milliers/millions de ruches. Résultat, alors que des apiculteurs devaient auparavant payer pour placer leurs ruches dans des zones florifères (vergers et autres cultures), ils sont maintenant sollicités financièrement pour compenser la raréfaction des pollinisateurs naturels avec leurs cheptels d’abeilles domestiques.

Une limite à l’utilisation des abeilles domestiques est le danger qu’elles peuvent représenter pour les autres insectes pollinisateurs. Un trop grand nombre de ruches amène une pression très forte sur la population florale. Ces abeilles étant obligées de butiner le moindre nectar, elles privent de nourriture les pollinisateurs plus spécialisés. Ne pas s’en inquiéter en ne favorisant que les abeilles domestiques conduirait, en cas de disparition de celles-ci, à ne plus posséder en réserve d’espèces capables de s’adapter pour les remplacer. Par ailleurs, nos abeilles domestiques sont efficaces par leur nombre mais individuellement, beaucoup d’abeilles sauvages sont des pollinisatrices bien plus performantes.

Les abeilles domestiques, sauvages et bourdons sont bien les principaux pollinisateurs des plantes dites « entomophiles » de nos région, ils sont suivis des syrphes — « mouches » ressemblant à des guêpes et dont les larves, comme celles de coccinelles sont prédatrices de pucerons —, des papillons, puis des bombyles — autres « mouches » qui elles ressemblent à des bourdons — et des coléoptères.

Certaines plantes et certains insectes ont coévolué ensemble et leur relation peu être exclusive (quelques orchidées comme la vanille).

La région Nord-Pas-de-Calais se rapproche de la Belgique sur beaucoup de points : faune, flore, climat. Les chiffres suivants concernent la Belgique ou la seule Wallonie
coléoptères 4.500  dont 31 sont protégés
diptères 4.300  dont 320 syrphes (500 en France)
hyménoptères 3.500  dont, en Wallonie, 370 abeilles sauvages (47 sont protégées)
lépidoptères (papillons) 2.500  dont 120 papillons de jour (40 sont protégés)
hémiptères (pucerons, punaises) 1.300 
autres 900  dont 32 espèces sont protégées (31 libellules et une mante religieuse)
D’après les Livrets de l’agriculture, n° 14 ; « Abeilles sauvages, bourdons et autres insectes pollinisateurs », de Michaël Terzo et Pierre Rasmont.
Le France possède un millier d’abeilles sauvages, dont une soixantaine sont sociales, réparties en sept familles (48 bourdons, 150 andrènes, 15 chélostomes…).

Beaucoup d’abeilles sauvages ont disparu ou quasi de Belgique : plus de la moitié des abeilles et bourdons « sont rares, en très forte régression, voire même totalement disparues du pays » (Michaël Terzo et Pierre Rasmont)). Un tiers en régression, presque autant de stable et un peu moins d’un tiers de très rares. La situation de la région doit être identique.

La protection des insectes pollinisateurs

Il existe plusieurs conventions internationales de protection qui s’appliquent aux insectes mais il est intéressant de constater que les groupes d’insectes dans lesquels des espèces sont protégées sont assez liés au commerce des collectionneurs (cf conventions de Bonn et de Berne), soit : libellules, papillons de jours et coléoptères.

Pourtant, la Wallonie (47 abeilles et bourdons, 16 guêpes, 2 fourmis, 40 papillons) et — cas unique en France — l’Ile-de-France (régions assez comparables à la nôtre pour l’Ouest de la Wallonie et le Nord de l’IDF) ont étendu les protections sur des abeilles et des guêpes. Pour l’Ile-de-France, cette protection concerne 7 bourdons (le bourdon des sables ou bourdon vétéran, le bourdon du trèfle, le bourdon des friches, le bourdon forestier, le bourdon des clairières ou bourdon distingué, le bourdon variable et le bourdon rural). Il existe même une « Déclaration de São Paulo » sur les pollinisateurs, signée par la Belgique en 2004. Quant à la protection des papillons — insectes pollinisateurs aussi —, elle concerne 40 espèces de jour sur 120 et aucune des 2 500 espèces nocturnes alors qu’il est douteux que les papillons nuit soient moins en danger.

Généralement la meilleure protection n’est pas celle d’une espèce (hors protection contre les prélèvements trop important dus à la chasse, au commerce, aux collectionneurs) mais celle des milieux et la préservation des liens entre milieux identiques pour les échanges de population et de gènes. C’est ici la base des trames vertes et bleues auxquelles est parfois « rajouté » une « trame noire » pour les espèces nocturnes : soit des zones non éclairées la nuit, reliées entre elles par des corridors eux-mêmes non éclairés.

Les papillons

Les papillons (ou lépidoptères) pollinisateurs sont souvent dotés d’une trompe qui leur permet d’aspirer le nectar des plantes. Ici encore des orchidées, exotiques, sont fortement liées à ces insectes. Ce sont eux qui pollinisent le plus les floraisons nocturnes (belles de nuit, chèvrefeuilles). C’est le cas du sphinx du liseron.

Les syrphes

Les syrphes sont des insectes de l’ordre des diptères, celui des mouches (et des moustiques). Ces mouches au vol stationnaire semblent souvent camouflées en guêpes ou en abeilles. Elles sont 317 en Belgique (305 en Wallonie), 500 en France, 800 en Europe.

Si certaines consomment du pollen, y compris du pollen de plantes anémophiles, qui est généralement plus petit que celui des autres plantes, il y a l’exemple de l’une d’elles — le Microdon — qui ne fréquente aucune fleur. Sa seule présence sur une fleur correspond à des tentatives d’accouplement de mâles sur des orchidées de genre Ophrys. C’en est d’ailleurs un important pollinisateur.

Une autre syrphe, Episyrphus balteatus, est très polyvalente (ses larves consomment pucerons, cochenilles, psylles, cicadelles, ...) et adaptée à de nombreux milieux et très présente au jardin grâce à ses 5-7 générations annuelles. Elle est loin d’être la seule syrphe « auxiliaire » (espèce antagoniste des « nuisibles » des cultures). Certaines sont plus et parfois très spécialisées, notamment leurs larves. Ainsi Heringia vitripennis est abonnée aux pucerons à cire comme le puceron lanigère du pommier. D’autres sont amatrices de chenilles défoliatrices comme la processionnaire du pin.

D’après « Les Diptères syrphidés, peuple de tous les espaces » par Jean-Pierre Sarthou et Martin C. D. Speight in Insectes n° 137.

Le SPIPOLL ou Suivi Photographique des Insectes POLLinisateurs est une initiative du Muséum national d’Histoire naturelle (MNH) et de l’Office pour les insectes et leur environnement (OPIE) avec pour partenaires principaux la Fondation Nature & Découvertes et la Fondation Nicolas Hulot pour la Nature et l’Homme.

Il a pour but d’obtenir des données quantitatives sur les insectes pollinisateurs et/ou floricoles en France en mesurant les variations de leur diversité et celles de la structure des réseaux de pollinisation, sur l’ensemble de la France métropolitaine. Grâce à un protocole simple et attrayant, reposant sur des photographies d’insectes en train de butiner, le SPIPOLL est ouvert à tous !

La participation au SPIPOLL comprend 3 phases :

  1. — La phase « terrain » : une séance photo ;
  2. — La phase « préparation des données » : trier et mettre en forme les photos ;
  3. — La phase « identification et envoi des données » : charger les photos sur le site internet du Spipoll (www.spipoll.fr), identifier la plante et les insectes à l’aide d’outils en ligne spécialement conçus pour ce suivi et envoyer les données ;

Vous obtenez une collection : une espèce végétale et le cortège d’insectes la visitant.